Qu’est-ce qu’un accélérateur et pourquoi Flat6Labs a décidé de revoir son modèle
Les accélérateurs font furie dans le monde arabe ces derniers temps. Il suffit de regarder le Top 10 des accélérateurs dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord que nous avions publié il y a deux ans : certains accélérateurs ont fermé leurs portes mais de nombreux nouveaux les ont remplacés dont les palestiniens Fast Forward et Gaza Sky Geeks, le dubaïote in5 ou encore l’aboudhabien Turn8.
Mais reprenons au début ; qu’est-ce qu’un accélérateur ? On
le compara parfois à un MBA pour startups, c’est une programme
intensive de trois mois qui vise à préparer un produit ou service à
entrer sur le marché en offrant de l’accompagnement, un lieu de
travail et du financement en échange de parts dans
l’entreprise.
C’est le Y Combinator qui ouvert le bal en 2005, aux Etats-Unis.
Huit ans plus tard, le premier des accélérateurs compte parmi ses
diplômés des startups aussi prestigieuses que Reddit, le site de
discussion online (actuellement évalué à près de
400 millions de dollars), Airbnb, le site de location de
vacances (qui atteindrait lui les
2,5 milliards de dollars) et Dropbox, le service de stockage de
données enligne (évalué à un tout petit
4 milliards de dollars!).
On comprend vite pourquoi tant d’accélérateurs ont vu le jour dans
le monde entier, espérant atteindre les mêmes résultats que le Y
Combinator. Mais peu y sont arrivés.
Dans les pays émergents, et donc dans le monde arabe, c’est encore
une autre histoire.
Ici, les accélérateurs ont tendance à investir plus et à prendre
des parts plus importantes dans les entreprises que le Y Combinator
(cela dit, le Y Combinator est dans la fourchette basse puisqu'il
investi 14 000$ US en échange de 6% des parts de l'entreprise).
C’est une tendance qui s’accentue. Les accélérateurs, réalisant les
difficultés qu’ont les startups à survivre après la fin de leur
accélération, augmentent le montant de leurs investissements et
offrent des temps d’incubation plus long.
En 2010, par exemple, le jordanien Oasis500 investissait 14 000$ US
contre 10% de l’entreprise ; aujourd’hui, il investi 30
000$ contre 10 à 15% de l'entreprise (les entreprises
étant évaluées à la hausse) afin de donner aux startups plus de
moyen pour décoller.
Au Bahrain, Tenmou fait partie de ceux qui investissent les
plus grosses sommes, puisque l'accélérateur offre entre 50 000 et
80 000$ contre 20% à 40% des parts de l’entreprise. Même son
incubation est plus importante, puisque les startups peuvent rester
de 6 mois à « aussi longtemps qu’elles ont besoin » si je
me rappelle correctement les propos du fondateur Hasan Haider.
C’est maintenant au tour de Flat6Labs, le plus gros accélérateur
égyptien, lancé en 2011 par Sawari Ventures, de suivre cette
tendance. Un changement qui accompagne le développement régional de
Flat6. L'accélérateur va maintenant :
- incuber les startups cinq mois au lieu de quatre et se concentrer encore plus sur la méthodologie Lean Startup ;
- tenir deux sessions d'accélération par an au lieu de trois, afin de permettre des incubations plus longues (les entrepreneurs candidatant pour le prochain cycle commenceront en janvier 2014) ;
- offrir plus de capital, c’est-à-dire 200 000 EGP (28 000$US), au lieu de 100 000 EGP précédemment en conservant la même prise de participation (10-15%), afin de couvrir le coût de l’incubation ainsi que l’inflation en Egypte ;
- organiser un bootcamp de cinq jours avant chaque cycle. Parmi les 25 équipes qui participeront, dix seront retenues pour le prochain cycle. Les entrepreneurs ne seront donc plus seulement sélectionnés sur leur dossier et leur entretien d’admission mais aussi sur leur participation à la formation.
- faire une tournée des universités pour présenter ses startups aux étudiants.
Il est encore tôt pour évaluer le succès ou l’échec relatif de
Flat6Labs mais l’on peut déjà noter que certaines startups
sortantes vont dans la bonne direction, notamment
Instabug, qui fait
partie des finalistes du Next Web's USA Mobile Rally, mais
aussi
Taskty, un portail à la TaskRabbit, GoEjaza,
un Trip Advisor pour le monde arabe, et Nafham,
un portail d’apprentissage en ligne qui va bientôt se lancer à
l’international.
Flat6Lab a déjà accompagné 36 startups, lancé
un deuxième espace à Jeddah, en mai dernier, en
partenariat avec Qotuf, et va poursuivre son développemetn
dans de nouvelles villes, à chaque fois en partenariat avec des
organisations locales.
Flat6Lab veut ainsi devenir un vrai réseau régional, profitant notamment de sa participation au réseau Global Accelerator Network, explique Mohamed : « Imaginez les nombreuses opportunités qui s’offriront à un entrepreneur d’Egypte s’il pouvait obtenir des conseils d’un mentor en Arabie Saoudite, se lancer à Dubaï, recruter en Tunisie et rencontrer des contacts en Turquie. »
A partir de lundi 9 septembre, l’accélérateur cairote testera ce nouveau bootcamp à Jeddah où la majorité des candidatures viennent « d’entrepreneurs saoudiens qui veulent quitter leur emploi et meurt d’envie de commencer leur startup. »
Si ce modèle s’avère fonctionner, de nombreux autres accélérateurs suivront probablement le pas et tenteront d’entrer ou de se développer sur le marché saoudien. Mais cette expérimentation pourrait aussi aider d’autres accélérateurs à trouver le bon ratio financement/prise de participation pour permettre aux entreprises de se lancer seules sans rendre impossible un deuxième tour de financement.
[Disclosure : Wamda Capital a des partenariats avec Oasis500 et Flat6Labs].